A A A

NOS ACTIVITÉS EN RD CONGO

Pour des raisons historiques et pratiques, nous concentrons aujourd’hui notre travail sur la RD Congo.

I. Bref panorama de la situation générale et sanitaire en rd congo

La RD Congo figure parmi les pays les plus pauvres du monde. L’espérance moyenne de vie y est d’une cinquantaine d’années.
La mortalité infanto-juvénile reste très importante, les épidémies de rougeole, choléra… reprennent de plus belle, plus de 75% de la population vit sous le seuil de pauvreté…
Le secteur de la santé y est en grande difficulté : l’offre de soins est insuffisante et de faible qualité, l’accès aux soins y est difficile pour la grande majorité, tant pour des raisons culturelles, géographiques que financières.
Les dépenses de santé/an/habitant étaient en 2010 de 13 dollars. Sur ces 13 dollars, 7 sont à charge de la population, c’est-à-dire des malades. Plus de 70% de la population est dans un état de survie quotidienne, avec moins de un dollar de revenu par jour.
La population croît très vite et est très jeune : près d’une personne sur deux a moins de 15 ans, et les plus de 65 ans ne constitue qu’à peu près 2,5% de la population.
La situation sanitaire est profondément dégradée. Le Congo figure parmi les pays dont les indicateurs de santé sont les plus mauvais. Certains chiffres sont effarants et donnent froid dans le dos.
L’espérance moyenne de vie y est inférieure à 50 ans. Et, contrairement à ce qu’on observe dans les pays occidentaux, l’espérance de vie des femmes est moins élevée que celle des hommes. Les taux de mortalité infanto-juvénile et de mortalité maternelle restent très élevés.
Les données disponibles indiquent que l’épidémie du VIH/SIDA est généralisée en RDC. Le paludisme reste un problème majeur de santé, 97% de la population congolaise est exposée au paludisme endémique.
Chez les enfants de moins de 5 ans, la prévalence de la fièvre est de 42%, ce qui représente de 6 à 10 épisodes maladie/an. Le pays fait toujours face à des taux de malnutrition qui se situent au-delà des seuils acceptables sur le plan international.

La malnutrition est une importante cause de morbidité et de décès des enfants et des femmes. On estime sa part à plus de 35% des cas de décès d’enfants de moins de cinq ans. Le système soins de santé du pays, sur papier du moins, est pointé parmi les meilleurs d’Afrique.
Il s’inspire des principes d’Alma Ata, préconise le développement à partir des soins de santé primaire. Pourtant, dans la réalité en RDC, on se trouve face à un système de santé terriblement fragilisé, pratiquement disloqué.
Les infrastructures de santé sont en piteux état, elles manquent d’équipements, de médicaments, de personnel bien formé... Les stratégies individuelles, institutionnelles de survie, ou de clientélisme politique qui poussent à la multiplication de structures de formation ou de soins, à la qualité souvent douteuse, prennent le pas sur la logique collective. La multiplication de bureaux, sous-bureaux de coordination, points focaux de programmes spécialisés verticaux absorbe quantité d’énergie et de moyens. Les hôpitaux et centres de santé, sensés travailler selon un échelonnement pertinent et efficient de la prise en charge, se font de plus en plus concurrence ; le travail en équipe est insuffisant.
Les structures de l’Administration publique se voient débordées par les ONGI qui mettent en place des circuits parallèles d’approvisionnement en médicaments, de soins curatifs, de systèmes d’information sanitaires. La faiblesse du leadership du Ministère de la Santé, tant fédéral que provincial est évidente.
Le manque de moyens, de compétences, l’exode des cadres les plus qualifiés ont entrainé une perte considérable de capacité de leadership des autorités publiques sur la politique de santé.

Ce sont aujourd’hui les grands bailleurs internationaux qui fixent l’agenda, les priorités, les procédures, et imposent leur philosophieidéologie, leurs outils de planification, d’évaluation, et d’information et leurs règles.
L’Etat se reconstruit certes, mais le chantier est immense et prendra du temps.

II. L’objectif de santé pour tous en rd congo

Quand l’offre de soins existe, elle est souvent d’un accès très difficile pour la population. Les chiffres du Ministère de la Santé de la RDC révèlent que moins de 33% de la population se rend dans les centres de santé et les hôpitaux agréés.
L’OMS fixe à 1 le nombre de contacts médicaux moyens par an par habitant. En RDC, le chiffre est à moins de 0,4%.

L’obligation de paiement direct des soins constitue le principal frein à l’accès financier aux soins de santé. En l’absence d’une vision et d’une politique de protection sociale en santé en RDC, la population en est réduite à attendre la mise en œuvre de politiques d’urgence humanitaire, imposant la « gratuité » des soins.
Ces politiques ne sont pas durables et ont à terme un impact négatif sur le système de santé et même les indicateurs santé. L’appel aux solidarités familiales constitue souvent la seule solution pour les familles confrontées à un problè- me de santé sérieux.

Enfin, diverses tentatives d’organisation populaire sont apparues, avec des succès divers, pour tenter de donner des réponses durables et dignes au problème de l’accès aux soins de santé de qualité.

En RDC, depuis de nombreuses années, on a mis en place par zone de santé des comités de santé (CODESA) sensés porter la voix des populations.
Leurs résultats sont décevants. Composés dans les faits de personnes cooptées, professionnels de la santé, responsables de quelques associations locales, notables et responsables politico-administratifs locaux, dotés de peu de moyens, elles pèsent peu dans les enjeux de qualité des soins ou de leurs coûts.

Les Mutuelles de santé d’initiative populaire, constituées sur base volontaire, sont nées et se développent lentement depuis plusieurs décennies.
Elles reviennent à l’ordre du jour de façon plus intense depuis quelques années, grâce notamment, en RDC, à la réussite de leur implantation (et une médiatisation intelligente) plus substantielle dans le Sud-Kivu.

Le nombre total d’affiliés à une mutuelle de santé se monte à quelques 500.000 personnes en RDC, sur une population de près de 70 millions d’habitants… c’est cette dynamique mutualiste que nous appuyons au mieux de nos possibilités.

III. Nos axes d’actions stratégiques

A. La construction d’un mouvement mutualiste sérieux et fort

Les initiatives des communautés sont nombreuses. Certaines d’entre elles sont nées depuis plusieurs décennies. Ainsi, à Bwamanda, en province d’Equateur, la mutuelle de santé a près de 30 ans, la mutuelle des enseignants du diocèse de Boma, dans le Kongo-Central, a plus de 25 ans et dans l’Archidiocèse de Bukavu, dans le Sud-Kivu, la première mutuelle a vu le jour en 1997.

Elles sont confrontées à de nombreuses difficultés, notamment la méfiance des populations consécutive à de nombreuses expériences malheureuses (mauvaise gestion, détournements, manque de maîtrise gestionnaire…) Ce constat a conduit certains acteurs congolais et/ou belges, à proposer et à mettre en place des structures d’accompagnement technique aux mutuelles de santé.

C’est par exemple l’expérience de la Cellule d’Appui aux Mutuelles de Santé (CAMS) du Bureau Diocésain des Œuvres Médicales de Bukavu. C’est aussi celle du Centre de Gestion et d’Accompagnement Technique des Mutuelles de Santé (CGAT) qui a vu le jour en 2010.

Nous considérons que ces structures d’appui ont pour l’heure un rôle primordial à jouer, pour crédibiliser les mutuelles de santé, par un travail rigoureux et professionnel d’une part, par un plaidoyer politique et une attention prioritaire à la mise en réseau d’autre part.

Solidarité Santé Sud a donc décidé de participer à la dynamique mutualiste en appuyant prioritairement l’ASBL CGAT qui a une vocation nationale et dispose déjà de 5 antennes dans 4 provinces différentes, ainsi qu’à l’ASBL CRESA de Bukavu, qui développe prioritairement un travail sur les outils de conscientisation et d’éducation populaire sur la santé.

Cette priorité se concrétise par l’appui concret aux études de faisabilité, supervision technique et financière, amélioration des procédures, récolte et analyse de données, formation des gestionnaires des mutuelles, formation à la gouvernance pour les administrateurs des mutuelles, « école de cadres mutualistes », élaboration de dossiers de financement, participation au plaidoyer auprès des autorités locales, provinciales, nationales, religieuses et civile, élaboration d’outils pédagogiques… ainsi que par l’accélération de la mise en réseau de la construction de Fédé- rations et Union Mutualistes.

Les Mutuelles de Santé s’inscrivent dans la vision de Protection Sociale en santé de l’Etat Congolais, qui vise la Couverture Universelle, notamment, et de façon privilégiée, par l’extension et la généralisation progressive des mutuelles de santé et de leur caractère obligatoire.

La RD Congo n’en est cependant pas encore au passage significatif à une échelle de masse suffisante. Pour l’heure, il s’agit de consolider, crédibiliser, légitimer les expériences de réussite et d’en documenter les résultats. Pourtant, les initiatives récentes du Ministère de l’Enseignement, et la volonté de la Police Nationale de créer une Mutuelle de Santé pour les policiers permettent d’espérer une augmentation significative des effectifs mutualistes dans des délais relativement brefs.

L’adoption par l’Etat congolais des documents de vision, de stratégie et de mise en oeuvre de la politique de protection sociale permettent de croire que des consolidations et la généralisation progressive des dispositifs d’appui aux mutuelles de santé seront réalité sous peu.

IV. Nos partenaires

Solidarité Santé Sud (SSS) dispose de moyens modestes, elle n’est pas une ONG reconnue. Elle entend réaliser ses objectifs en synergie forte avec d’autres acteurs, tant au Sud qu’au Nord.

C’est ainsi que SSS conclut des conventions de partenariat avec d’autres institutions. Ces partenariats sont stratégiques pour Solidarité Santé Sud.
Sans eux, son action ne pourrait être ni pertinente ni efficace.

En rdc :

SSS a conclu une convention de partenariat avec : n CGAT, qui constitue le partenaire central et prioritaire.
La convention prévoit d’ailleurs que les deux travailleurs de l’ASBL collaborent au quotidien avec CGAT une partie de l’année.

n CRESA. Après avoir conclu une convention de partenariat avec l’AISBL CAPSA-GL (Centre d’Analyses Politiques et Stratégiques pour l’Action dans les GrandsLacs), qui s’est notamment concrétisée par l’étude d’impact sur les politiques de gratuité de soins, pour diverses raisons pratiques, SSS a réorienté sa convention vers une ASBL de droit Congolais : CRESA (Carrefour Réflexion Santé) qui travaille également à Bukavu dans le Sud-Kivu.
La convention signée prévoit notamment la mise au point d’outils pédagogiques de conscientisation populaire sur la santé.

n Le Ministère de la Prévoyance Sociale : la convention tripartite, signée entre le Ministère de la Prévoyance Sociale de la RDC, l’ANMC (Alliance nationale des Mutualités chrétiennes) en Belgique et Solidarité Santé Sud prévoit d’appuyer le gouvernement congolais dans le cadre de la règlementation, de la reconnaissance, de la structuration et de l’extension de l’action mutualiste.

Cet appui visera notamment le renforcement des capacités des Directions centrales et provinciales.

V. Nos moyens d’action

A. des missions d’accompagnement sur le terrain Sud

Notre premier et principal moyen d’action consiste en la présence de travailleurs de notre ASBL en RDC et ce, plusieurs mois par an. La professionnalisation du métier mutualiste constitue pour CGAT un enjeu prioritaire.

Notre expertise, tant dans le domaine de l’organisation sociale, de la mobilisation, du plaidoyer que dans des aspects plus techniques de procédures, outils de gestion... constitue notre apport essentiel au CGAT et aux mutuelles de santé qu’il développe et encadre.

De la même manière, pour CAPSA/ CRESA, notre investissement humain se concrétise par notre contribution active aux travaux de l’association: co-rédaction du livre «Le cadeau empoisonné», participation à la mise au point des outils de conscientisation,...

B. des moyens financiers

Solidarité Santé Sud soutient ses partenaires Sud par l’octroi de subsides modestes mais qui ont leur importance.

c. Une activation pertinente de notre réseau de relations institutionnelles.

Notre histoire et notre implication dans le mouvement social belge, ainsi que notre présence en RDC nous mettent à la croisée des chemins et nous ont permis d’être au cœur d’un considérable réseau de relations institutionnelles et personnelles.

Nous l’activons continuellement pour créer les synergies utiles et profitables à la dynamique d’ensemble, mettre en mouvement de nouveaux acteurs qui pourront contribuer, avec leurs spécificités, à la réussite des enjeux.

d. des outils de communication et d’information.

Nous sommes une petite organisation, peu connue, mais nous participons à la réalisation d’une grande ambition pour la RDC.
Il faut la faire connaître, en montrer les difficultés et les résultats.
Car il faut convaincre en RDC même, les décideurs, les grandes institutions capables d’influer le cours des choses, mais également les grands bailleurs internationaux, qui investissent beaucoup de moyens dans l’offre de soins, mais peu dans des mécanismes pé- rennes d’accès à ceux-ci.
Capitaliser et documenter constituent donc un enjeu majeur qui contribuera à consolider le processus.

Solidarité Santé Sud peut et doit apporter une plus-value à ses partenaires sur cet enjeu.

Top